Lorsqu’un couple doit faire le choix du don d’ovocyte pour obtenir une grossesse, nombreuses sont les questions que cela suscite.
Les questions les plus récurrentes sont :
Vais-je l’aimer même s’il ne me ressemble pas ? Est-il génétiquement de moi ? Saurai-je le considérer comme mon propre enfant ? Comment l’enfant va réagir à la découverte de ce don ? Dois-je lui dire ou pas ? …….etc.
Ce choix, qui répond parfaitement à la problématique médicale de certains couples, reste pour autant un choix délicat et qui nécessite une réflexion psychologique avant de s’engager.
Faire un enfant avec des gamètes extérieurs au couple :
Personne ne peut dire ce qui est bon pour un couple et ne peux faire ce choix à la place du couple ! Mais il faut avoir en tête quelques éléments pour faire ce choix. Notamment, avoir à l’esprit que l’ovocyte est une cellule. C’est juste une cellule et pas un bébé dont le couple va bénéficier. Cette cellule va évoluer, grandir, prendre racine au sein du corps de la femme ! Ce sont les femmes qui vont faire le travail pour que bébé arrive. De surcroît, notez que certes, génétiquement ce bébé n’aura pas de concordance, mais qu’il existe un échange intra-utérin entre le bébé et la femme, à la fois physiologique et d’ordre émotionnel. L’échange physiologique est celui de toute mère avec son bébé via la barrière placentaire. Il y passe les nutriments, les saveurs, etc.. et un échange sanguin.
L’échange émotionnel est lui aussi celui de toute mère avec son enfant. Cet échange est d’ailleurs essentiel, il doit servir à construire le début de la relation avec son bébé. La voix, les sons, le toucher, etc., sont autant de manières de débuter la relation. D’ailleurs je conseille dès le transfert de parler avec l’embryon. Parler à son embryon, quelle drôle d’idée, peut-être ! Mais cela va permettre de mettre en mots les attentes, les questions, les angoisses, et doit permettre à la femme ou au couple de le dire et de s’entendre. Cela va également aider le couple à faire que cette cellule devienne un peu sa propre cellule. Nous constatons que nombre de femmes disent après avoir bénéficié d’un don d’ovocytes qu’elles n’ont plus conscience de ce don. C’est comme si cela s’était effacé ! C’est l’échange intra-utérin qui permet de passer le cap et de faire de cette cellule le bébé de la femme qui l’accueille. Il va se dérouler 9 mois d’une grossesse classique après être tombée enceinte. Nombre de femmes sont anxieuses à l’idée de bénéficier d’un don, mais lors de leur grossesse elles n’y font presque plus allusion.
Un bébé non génétiquement de moi, mais empreint de moi quand même !
Il est vrai que dans l’idée de devenir parents, deux idées cohabitent :
l’idée d’une transmission génétique ; l’idée d’une transmission de culture, d’histoire familiale, etc.
Dans le cas du don d’ovocytes, il faut passer au-delà de l’étape de la transmission génétique, pour s’occuper uniquement de la partie de transmission culturelle, historique, etc. Notons que beaucoup de parents, dont les enfants sont à 100 % génétiquement d’eux, ont des enfants dont les caractéristiques physiques ne sont pas proches d’eux. Pour autant, ils aiment leurs enfants, même s’ils ne leur ressemblent pas !
Le vrai travail d’un parent est la transmission de ses valeurs, de sa culture, de son histoire… Ils doivent faire d’un bébé un Homme, armé pour résister au monde environnant. C’est là aussi le travail du couple lorsqu’il bénéficie d’un don d’ovocytes. Il est vrai que lors de la naissance, l’entourage va jouer au jeu des ressemblances entre le bébé et la famille. Ce jeu qui souvent ne rime à rien, car nombre de bébés n’ont pas de similitudes physiques marquantes avec des membres de la famille. Mais ils servent en fait à faire de cet enfant un membre à part entière de la famille. S’il ressemble à un oncle, une sœur, alors il appartient à notre famille ! Mais le travail d’un parent est de le faire devenir un adulte, et c’est avec l’histoire et la culture familiale qu’il se construira comme tout autre enfant.
Le choix du don est un choix avant tout qui doit être égoïste, car malgré le désir du couple d’avoir un enfant, prime avant tout le ressenti personnel et individuel de chacun des membres du couple ! Il ne s’agit pas de faire un choix par défaut mais par conviction afin de pouvoir donner à cet enfant sa place.
Le dire ou ne pas le dire !
Il existe aujourd’hui plusieurs courants de pensée, mais il semble presque acquis qu’il est important, voire essentiel, de le dire à son enfant. Car c’est son histoire, et pour pouvoir se construire de la manière la plus sereine, il doit avoir connaissance de ce choix. Un enfant ne juge pas le choix de ses parents mais comprend l’acte dans un cadre, une histoire, et entendra au-delà des mots le désir et l’amour qui ont porté le couple à faire ce choix qui n’était sans doute pas une évidence au départ !
Dire à son enfant au plus tôt, comme une histoire qu’on lui raconte, ne peux se faire que lorsque le deuil de l’enfant naturel et l’acceptation du don sont pleinement faits.
Concernant l’entourage, aucune obligation de la dire ou non. C’est un choix et une réflexion du couple face à un environnement qu’il connait et dont il maitrise les ressentis.
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